15 et 16 novembre 2022
Musée Lugdunum, 17 rue Cleberg, Lyon France
Programme en PDF (version définitive, 07/11/2022)
Parmi l'ensemble des activités techniques des hommes préhistoriques, la taille des outils en pierre constitue un domaine d'étude privilégié pour les archéologues. Outre leur caractère presque impérissable, les matériaux lithiques ont la propriété d’enregistrer les mécanismes à l’origine de leur formation et de leur vieillissement tout aussi bien que la trace physique des gestes des tailleurs qui les ont débités ou façonnés.
L’étude de ces matériaux est donc une source inestimable d’informations sur les sociétés anciennes : ils sont les témoins directs de la mobilité, de la circulation de biens et de l’interaction entre l’homme et son milieu. Cette recherche permet d’atteindre une vision dynamique des sociétés anciennes et nous informe sur leur organisation socio-économique. Même si très tôt dans l’histoire de l’archéologie préhistorique, les premières observations posèrent la question de l’identification des types de matériau, la maturation méthodologique fut longue en ce domaine.
Depuis ces quinze dernières années, la pétroarchéologie a fait l’objet d’avancées méthodologiques majeures pour la compréhension des mécanismes de formation et d’évolution des silicites (silex, chert, silcrète et silice hydrothermale) (e.g. Fernandes et Raynal 2006 ; Fernandes 2012 ; Thiry et al. 2014 ; Delvigne 2016 ; Delvigne et al. 2020). Celles-ci intègrent la notion de chaîne évolutive : les silicites sont des roches vulnérables dans le temps qui enregistrent les transformations physiques, chimiques et minéralogiques des différents milieux traversés. La lecture de ces stigmates permet de dépasser la caractérisation génétique des silicites (milieu de formation) pour définir des types gîtologiques qui correspondent à autant de lieux particuliers (ex : lieu de collecte). Appliquée aux industries lithiques, la pétroarchéologie permet donc d’étudier et de retrouver les gîtes exploités par les groupes préhistoriques.
Ces travaux, pour partie conduits dans le cadre universitaire, impliquent toutefois une refonte des pratiques de construction des référentiels (les lithothèques), sur le terrain (modalités d’échantillonnage et d’enregistrement) comme en laboratoire, avec la mise en place progressive d’outils analytiques collaboratifs adaptés au déchiffrage de la « chaîne évolutive ». Couplés à des outils d’analyse spatiale, les résultats de ces recherches permettent non seulement d’aborder sur des bases renouvelées les questions de circulation des matériaux et de structuration spatiale des sociétés préhistoriques, mais également de bien identifier les comportements techniques, type de matériau par type de matériau, en questionnant leurs modes d’acquisition.
Dans la pratique, il a fallu créer l’outil analytique, contrôler la reproductibilité des protocoles, normaliser le vocabulaire et diffuser la méthode afin d’initier une synergie entre acteurs de la recherche nationale et dégager des premières perspectives à l’international. Cette coopération a débuté en 2010 à Lyon lors de la table ronde « Silex » et s’est poursuivie en 2016 avec l’école thématique CNRS de Nice, qui a réuni la majorité des personnes concernées. Une enquête nationale concernant les lithothèques a également été menée la même année, afin d’identifier les acquis et les besoins des unités de recherches en matière de référentiels. Ces manifestations ont marqué le début de la prise en compte et de la diffusion des avancées conceptuelles et méthodologiques et ont permis de renforcer les échanges et les collaborations entre les différents chercheurs et programmes concernés.
Les projets collectifs de recherche (PCR) « Réseau de lithothèques » en région Auvergne-Rhône Alpes (depuis 2006), Centre - Val de Loire (depuis 2016), Nouvelle Aquitaine (depuis 2016) et Ile-de-France (depuis 2018), ainsi que le groupe de recherche (GDR) « Silex » (depuis 2019), constituent les structures opérantes de cette nouvelle approche et regroupent aujourd’hui une centaine de chercheurs de différents horizons professionnels : CNRS, ministère de la Culture, Universités, Inrap, sociétés privées, collectivités territoriales, musées...
Afin d’harmoniser les résultats et les pratiques, ces projets sont construits sur un même modèle divisé en cinq axes de recherche principaux :
- Axe 1 : Inventaire, développement et enrichissement de l’outil lithothèque ;
- Axe 2 : Caractérisation dynamique des silicites ;
- Axe 3 : Cartographie des formations à silicites ;
- Axe 4 : Applications archéologiques ;
- Axe 5 : Diffusion, formation et valorisation des connaissances.
Les journées SPF que nous proposons d’organiser ont pour objet de présenter, faire connaitre et confronter les résultats obtenus ces dix dernières années par ces différents programmes collectifs. Pour ce faire, nous avons choisi de subdiviser la manifestation en quatre demi-journées (4 h chacune) proposant deux communications longues (20 minutes) et 6 à 8 communications courtes (10 minutes) suivies d’une heure de débat.
- Une session « Outils d’analyse » (coord. V. Delvigne + C. Tufféry + S. Renault + J. Garniaux) : afin de présenter les différents outils développés au cours de ces dernières années : chaîne évolutive, SIG collaboratifs, base de données commune, formulaire et application de prospection, chaîne d’analyse, métadonnées …
- Une session « Lithothèque et prospection » (coord. P. Allard + C. Bressy + F. Bostyn + J.-P. Collin) : afin que les participants puissent échanger sur les modèles de lithothèque, les outils mis en place, les pratiques et les perspectives.
- Une session « Études de cas géologiques » (coord. P. Fernandes + J.P. Raynal + M. Piboule + A. Tomasso) : afin de présenter quelques exemples autours de silex dit « marqueurs » et/ou ayant valeur de cas d’école dans le cadre d’une approche dynamique (i.e. de la chaîne évolutive).
- Une session « Études de cas archéologiques » (coord. H. Lethrosne + R. Angevin + L. Mevel + E. Vaissié) : afin de présenter les conséquences d’une approche dynamique des silex dans le cadre d’études archéologiques et de proposer des modèles de réflexion sur la spatialité des groupes passés.
Comité de coordination
Pierre Allard (CNRS), Raphaël Angevin (MCC), Didier Binder (CNRS), Françoise Bostyn (Univ. Paris 1), Céline Bressy-Leandri (MCC), Jean-Philippe Collin (Univ. Libre Bruxelles), Vincent Delvigne (CNRS), Paul Fernandes (Paléotime), Jérémy Garniaux (Univ. Aix-Marseille), Harold Lethrosne (EVEHA), Ludovic Mevel (CNRS), Maurice Piboule (Univ. Grenoble), Jean-Paul Raynal (CNRS), Stéphane Renault (CNRS), Antonin Tomasso (CNRS), Christophe Tufféry (INRAP) & Erwan Vaissié (Univ. Liège)